samedi 12 juillet 2008

Pilote professionnel !

Je le savais depuis vendredi dernier, mais il est difficile de se rendre compte comme ça près d'une semaine à l'avance. Enfin voilà, mon test CPL (Commercial Pilot License, autrement dit pilote professionnel) était planifié pour mercredi. Bloc prévu à 15 heures.

Le bloc, en terme aéronautique, c'est l'heure à laquelle l'avion commence à se déplacer par ses propres moyens dans le but de décoller. L'heure de départ du parking, en clair. Mais lorsqu'on atteint le bloc, on a déjà effectué 60 à 70% du travail.

Un vol, ça se commence au sol assez longtemps avant de regarder l'avion. Quand on a déterminé quels seraient les points de départ et d'arrivée, il reste à déterminer la route à suivre, l'altitude de croisière que l'on tentera d'adopter, quelles seront les zones que nous allons traverser ou éviter (de nombreuses zones sont interdites ou réglementées en France), et de là découle la liste des organismes de contrôle à contacter.

La préparation à long terme (c'est le terme consacré), doit souvent aussi comporter plusieurs stratégies au cas ou certaines zones militaires seraient actives et donc interdites.

Suit une préparation à court terme. Celle-ci va prendre en compte la météo et l'activité réelle des zones pré-citées. Cela parait simple (et n'est en réalité pas extrêmement compliqué), mais est très gourmand en temps lorsqu'il faut décoder compiler des information en provenance de plusieurs sources.

Après ces heures de préparation qui se sont terminées mercredi en fin de matinée (et une courte nuit auparavant, stress oblige), l'examinateur arrive enfin vers 14 heures pour le briefing indispensable. Car il ne suffit en effet pas de savoir déchiffrer tous ces éléments, mais il faut encore savoir le présenter par la suite de manière claire et exhaustive.

Après quelques questions supplémentaires et un tour de la machine, nous voilà prêts pour un bloc à 14 heures 50. Pas mal, ça veut dire que s'il s'agissait réellement d'un vol commercial, les clients seraient satisfaits de partir à l'heure. C'est bien, un bon point pour commencer.

Deux heures plus tard, et un aller-retour à Béziers, quelques tours de piste, du vol sans visibilité, un déroutement sur Candillargues (un petit terrain à l'est de Montpellier) et quelques atterrissages en vent de travers plus tard (merci à l'examinateur d'avoir été tolérant avec le vent de travers, les atterrissages en question n'étaient pas franchement dans les règles de l'art...), le suis enfin possession d'un joli papier bleu avec une croix dans la case "réussite". Soulagement et joie qui seront fêtés comme il se doit le soir même avec des bulles.

Je termine donc la première phase avec une semaine d'avance, ce qui m'autorise à quelques vacances supplémentaires avant le départ de la seconde phase : le vol aux instruments. Rendez-vous donc le 4 août au matin pour de nouvelles aventures.

C'est super, sur 5 dans la promotion, 5 ont été reçus. On continue...

Bonnes vacances,

Jean-Charles

jeudi 3 juillet 2008

FCL 1.200

Quel nom barbare pour qualifier l'alinéa 200 du FCL 1 ! En clair, la qualification en langue anglaise.

Eh oui, une des conséquences du métier de pilote de ligne, c'est de fréquemment sortir des frontières de l'hexagone. Et devinez quoi, eh bien la majorité de nos voisins plus ou moins lointains n'entendent rien à la langue de Molière. Déjà que celle de Shakespeare ne leur parle souvent pas beaucoup plus...

Enfin, notre chère (à traduire autant dear que expensive) administration de tutelle a décidé que pour pouvoir être complètement validé en vol aux instruments, eh bien il faut une qualification en langue anglaise. D'où le FCL 1.200.

Et là, il faut dire que nos fameuses têtes pensantes se sont surpassées sur cet examen. En effet, c'est un examen qui comporte trois phases : une phase écrite, une phase d'écoute de bandes audio, et une phase orale parlée sous la forme d'un vol fictif. Afin de valider l'examen, il faut justifier d'un niveau 4 ou supérieur. Le niveau 4 étant valide pour 3 ans, le niveau 5 pour 6 ans et le niveau 6 à vie. Jusque là, rien d'extraordinaire. Sauf que voilà, M. l'examinateur Lambda n'est pas en mesure d'attribuer le niveau 6. Il faut des examinateurs dédiés.

Par comparaison, imaginez que vous vouliez passer le Bac, mais que si vous voulez pouvoir avoir une mention Très Bien, il vous faut aller le passer à Paris. Si vous le passez en province dans votre bahut, le correcteur peut vous mettre une mention Bien mais n'est pas qualifié pour vous donner une mention Très Bien quel que soit votre niveau réel. C'est fort, ça, n'est-ce pas ?

Bref, j'ai donc demandé l'autorisation d'être noté sur la totalité du barème !

Après deux heures d'examen, le bilan est mitigé. Si la partie écrite et l'écoute de bande se sont plutôt bien passées, j'ai peur que la partie voyage fictif ne me limite à un niveau 5. J'espère simplement que ça ne me limitera pas plus que ça.

Enfin, on verra le résultat en fin de mois...

Bon week-end...

Jean-Charles